Chronologie de nos luttes et de nos actions depuis notre fondation
L'histoire se construit à partir d'événements, mais elle est faite aussi et surtout d'émotions, de passions, de luttes, de controverses, de déchirements, de départs, de nouveautés et de bien plus encore. Il devient alors difficile de résumer nos 29 ans d'existence en quelques pages seulement !
Ainsi, vous trouverez dans cette chronologie les événements les plus significatifs, ceux ayant contribué à bâtir le RGPAQ, et qui sont très certainement atténués ou magnifiés par nos souvenirs…
1980
Lors du séminaire Alpha 80, le ministère de l'Éducation réunit les intervenants et intervenantes en alphabétisation pour discuter de coordination et de développement de services au Québec. Un enjeu majeur : la place des OVEP en alphabétisation au sein du ministère (OVEP : organismes volontaires d'éducation populaire, ancien nom des groupes d'alphabétisation et d'éducation populaires). Des pressions sont exercées par des fonctionnaires du ministère sur certains groupes pour qu'ils quittent le programme de subvention de l'éducation populaire et s'intègrent à la structure des commissions scolaires.
Les groupes refusent, réaffirment leur appartenance au milieu de
l'éducation populaire et s'organisent ! Un comité de travail est créé afin de mettre sur pied un regroupement provincial des OVEP en alphabétisation.
1981-1982
Février : fondation du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) par onze OVEP en alphabétisation. Le Regroupement devient un lieu de réflexion sur les pratiques et permet de faire front commun, de concert avec les autres groupes d'éducation populaire, pour obtenir un meilleur financement de l'alphabétisation populaire.
Juillet : première action officielle du RGPAQ. Dépôt d'un mémoire à la Commission d'étude sur la formation des adultes (commission Jean). Le RGPAQ est alors le seul à aborder le problème de l'analphabétisme.
Novembre : à la suite d'une lutte médiatique menée à l'endroit du ministre de l'Éducation de l'époque, M. Camille Laurin, on annonce une augmentation de 150 000 $ de l'enveloppe budgétaire des OVEP en alphabétisation. Le budget total passe alors de 276 000 $ en 1981-1982 à 426 000 $ en 1982-1983.
Parution de la première revue du RGPAQ, Alphabétisation populaire (1981), ainsi que du premier bulletin des participants et des participantes, Écrire pour la première fois (1982).
1984
Un tournant survient dans la reconnaissance de l'analphabétisme au Québec avec l'Énoncé d'orientation et le plan d'action en éducation des adultes du gouvernement ; l'alphabétisation des adultes est alors inscrite comme priorité. Publication, par le RGPAQ, d'un mémoire en réaction à ce document dans lequel plusieurs des recommandations du rapport Jean sont absentes, par exemple assurer aux adultes des conditions qui favoriseraient leur retour aux études (comme des garderies).
Création de 42 nouveaux groupes d'alphabétisation après la levée du moratoire. De ce nombre, plusieurs sont mis en place par les commissions scolaires afin de faire du recrutement… pour les cours des commissions scolaires ! L'enveloppe globale augmente de 239 %, atteignant ainsi plus d'un million et demi de dollars. Le nombre de groupes membres du RGPAQ passe de 20 à 24.
1985
Les discussions en assemblées de concertation sur la place des participantes et des participants mènent à l'organisation de la Grande Rencontre. Ainsi, 450 participants et participantes de partout au Québec se rencontrent pour parler de sujets qui les intéressent (la façon de se débrouiller en voyage, les femmes et l'analphabétisme, la confiance en soi, les raisons de l'analphabétisme...). Ils prennent également part à l'organisation de l'événement et à l'animation d'ateliers. Leur collaboration est vue comme une résultante logique des pratiques de conscientisation dans les groupes.
1986
Premier congrès d'orientation, dont l'objectif est de s'assurer que les 31 groupes membres possèdent les mêmes objectifs et orientations. Naissance de la Déclaration de principes et définition commune de ce qu'est un groupe d'alphabétisation populaire. On décide également de remettre le cap sur la lutte au financement. Résultante de la Grande Rencontre, une vingtaine de participantes et de participants sont présents. Bien que le congrès soit un peu trop théorique et pas assez pédagogique, ils se réunissent en ateliers et formulent des recommandations qui ne seront malheureusement pas suivies en raison du manque de moyens.
1987
Reprise des luttes pour le financement, particulièrement en ce qui concerne l'obtention d'un programme distinct en alphabétisation. Pressions exercées sur le ministre de l'Éducation de l'époque, M. Claude Ryan, concernant cette question. Levée d'un second moratoire imposé en 1985 : le RGPAQ compte maintenant une quarantaine de groupes membres.
1988
On réinvestit en pédagogie ! Un projet d'étude des besoins des formatrices et des formateurs en matière de formation et de perfectionnement est mis sur pied. Deux documents sont produits, État des besoins et DIRA (Documentation, information, ressources, alphabétisation).
Première entente fédérale-provinciale, les IFPCA (Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation), programme de subvention du Secrétariat national à l'alphabétisation, pour la recherche, le recrutement, la sensibilisation, la production de matériel pédagogique et le perfectionnement des intervenantes et des intervenants.
1989
Contribution du RGPAQ à la mise sur pied du Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF). En 1983, l'Équipe d'aide au développement de la Direction générale de l'éducation aux adultes (DGEA) avait transmis son fonds documentaire au Regroupement. En 1989, le Regroupement dépose au CDEACF sa collection de quelque 800 documents de toutes sortes (vidéos, monographies, périodiques). Ce fonds n'a cessé de croître avec les années.
Lancement du premier programme de perfectionnement, qui mènera à la publication de la collection Un visa pour l'alpha pop. Seize sessions sont données dans quatre régions du Québec sur quatre thèmes différents : l'animation, la créativité, les approches et méthodes et l'apprentissage.
La lutte pour un programme distinct continue. Le but est d'obtenir un programme qui finance tout, c'est-à-dire autant les infrastructures que les activités, et d'empêcher les transferts d'argent avec les autres groupes d'éducation populaire. Le programme est finalement instauré en 1990, mais, dans les faits, l'objectif n'est pas atteint puisque seules les activités sont financées.
1990
L'Année internationale de l'alphabétisation : plusieurs activités de visibilité et de sensibilisation à l'analphabétisme sont organisées par le RGPAQ, dont la Tournée du Livre de l'Année internationale de l'alphabétisation dans les régions du Québec. Dans cette publication, on trouve des textes des participantes et des participants. Le RGPAQ organise également une soirée de clôture de l'Année internationale à laquelle participent plusieurs artistes québécois.
A de plus lieu le forum Une société sans barrière, organisé conjointement par l'Institut canadien d'éducation des adultes, le RGPAQ et la Centrale des enseignants et enseignantes du Québec. On y aborde notamment la défense des droits des personnes analphabètes.
Malheureusement, les activités de visibilité et de sensibilisation ne mènent à aucune victoire en matière de financement pour les groupes. Le RGPAQ décide alors d'amorcer une lutte politique pour remédier à la situation.
1991
Résultante de l'Année internationale, la revue Le Monde alphabétique (encore publiée de nos jours) fait son apparition. Le premier numéro porte sur la métacognition, thème lié à une pédagogie alternative.
1992
Deuxième congrès d'orientation, sous le thème Renforcer l'unité. On y discute de la spécificité des groupes d'alphabétisation populaire, de leur autonomie face aux bailleurs de fonds, de la place des participantes et des participants, des liens avec l'éducation populaire autonome, de la structure du RGPAQ ainsi que de la démocratie et de la pédagogie. S'ensuit un processus de révision du membership en fonction des principes discutés (de 1992 à 1993).
1992-1993
Le RGPAQ participe à la lutte contre la loi 37, qui introduit la notion de workfare, c'est-à-dire l'obligation de travailler pour recevoir des prestations d'aide sociale.
Adoption d'un cadre de référence sur le financement des groupes membres du RGPAQ expliquant en quoi consiste l'alphabétisation populaire et faisant valoir la nécessité d'un tel réseau.
Publication d'une version condensée du Livre de l'Année internationale de l'alphabétisation. Un jury présidé par l'écrivain québécois Michel Tremblay fait la sélection des textes.
1994-1995
Importante campagne d'actions du RGPAQ pour la reconnaissance et le financement de l'alphabétisation populaire. Les moyens de pression sont variés : déjeuner aux céréales Alpha-Bits avec le ministre de l'Éducation Jean Garon, message-choc sur une montgolfière lors de la campagne électorale provinciale, interventions dans les médias. Le ministre annonce à une assemblée générale en février 1995 que les budgets en alphabétisation populaire doubleront et qu'un minimum de 25 000 $ sera alloué à chaque groupe.
Parution du premier numéro du deuxième journal des participantes et participants, Mon journal.
1995
Participation active du RGPAQ aux processus régionaux d'accréditation de nouveaux groupes d'alphabétisation afin de s'assurer que ces derniers s'emploient à faire de l'alphabétisation populaire. Au RGPAQ, le nombre de groupes passe de 37 (en 1995) à 71 (en 1997). Une formation sur sa philosophie et ses pratiques est offerte aux nouveaux membres.
1996 à 1999
Mise sur pied, en 1996, d'un comité ad hoc de participants et de participantes dont l'objectif est de démontrer la pertinence de créer un comité permanent qui prendrait en compte les besoins et les intérêts des participants et des participantes des groupes ; finalement, en 1998, un tel comité est créé.
Participation du RGPAQ aux États généraux sur l'éducation et, par la suite, aux divers processus qui mèneront à l'élaboration d'une politique de formation continue. Le RGPAQ y défend la nécessité de reconnaître l'alphabétisation populaire comme priorité au Québec.
En 1996, le Regroupement amorce une réflexion en vue de réviser son fonctionnement et de bien définir les rôles, les responsabilités et les pouvoirs de ses structures (conseil d'administration [COCOA], comités, équipe de travail).
En 1998, il se joint au Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté.
Poursuite des actions du Regroupement pour un financement adéquat. Pendant la campagne électorale de 1998, la ministre de l'Éducation, Pauline Marois, annonce une injection supplémentaire de 4 000 000 $ pour l'alphabétisation populaire. Son successeur, François Legault, concrétisera cet engagement. En l995-l996, l'enveloppe budgétaire du Programme de soutien à l'alphabétisation populaire autonome (PSAPA) pour 130 groupes atteint 5 302 269 $, ce qui représente une moyenne de 39 000 $ par groupe. En 2002-2003, les 132 groupes se partagent un total de 10 024 492 $, stabilisant ainsi la moyenne à 75 943 $ par groupe.
1999-2000
Réaffirmation du troisième volet de la mission du RGPAQ se rapportant à la défense des droits.
Première tournée dans les groupes du Comité des participantes et des participants. La réflexion porte sur les difficultés que vivent les personnes peu alphabétisées dans leur vie et leur travail.
2001-2002
Présentation d'un mémoire aux audiences publiques sur le projet de politique de formation continue qui oriente, entre autres, les actions d'alphabétisation vers le retour au travail. Dénonciation de cette orientation.
Suivi des travaux de mise en application de la Politique de l'action communautaire autonome en regard des enjeux qu'elle représente pour l'alphabétisation populaire.
2003-2004
Le RGPAQ entreprend une démarche pour actualiser les principes de l'alphabétisation populaire sur lesquels il se fonde et tient son troisième congrès d'orientation en février 2004.